Conte pour Noël et Jour de l'An

La légende de Noël,

En ce mois de décembre je viens vous raconter un conte de Noël, c’est de saison me direz-vous. En même temps, les saisons ne sont plus ce qu’elles étaient ! Hier le ciel a craqué comme en plein été, la grêle est tombée, le vent a grondé. La terre, gorgée d’eau, déborde de toutes parts. Les arbres se dénudent, un peu ahuris par les temps nouveaux. Souvent ils résistent, inventent et persistent. Parfois ils périssent, s’affaissent et languissent. Déconstruits par une armée pacifique de nématodes, collemboles, bactéries et autres virus en tout genre voilà le bois que nous disions « mort » transformé en nourriture terrestre.

Ohé… ?

Oui, qui me parle ?

Ohé, c’est moi,

Mais encore ?

Le farfadet

Bonjour le Farfadet

Bonjour

D’où viens-tu ?

De la forêt du Risoux. Tu m'as dit vouloir raconter un conte de Noël.

Ah oui, je me suis égarée… j’ai perdu le Nord et la boussole. Aurais-tu une idée, un fil conducteur ?

Suis-moi, je vais te conduire. Il suffit d’un vêtement chaud, de chaussures étanches. Ferme bien les yeux et laisse-toi guider.

Surtout n’ouvre pas les yeux !

Respire la fraicheur du lieu, laisse les parfums dessiner le monde qui t’entoure.

Lorsqu’il te semblera ne plus découvrir d’odeurs nouvelles, laisse glisser tes doigts sur le sol, aller à la rencontre des objets qui t’entourent, est-ce doux et chaud, humide ou froid, sec, rugueux ?

Ne triche pas, ne bouscule rien, ni le temps ni le lieu. Entends-tu le vent dans les arbres nus, le chant des oiseaux nichés à l’abri, la source rapide et impétueuse claquer sur les rochers affleurant ? Goûte l’eau de la Vie, le bourgeon naissant, la fleur du noisetier.

Approche tes lèvres de ses rameaux, hume le sapin ivre et la vigueur sourde du boulot sacré. Lorsque enfin tous les sens en toi s'uniront dans une profonde et vaste unité, alors doucement, tranquillement, aventure-toi dans la forêt profonde.

Une fois l’immensité en toi et autour de toi atteinte, à pas légers, sans te retourner, reviens paisiblement au moment présent, dégourdis tes doigts, tes membres et ouvre les yeux.

Farfadet, j’ouvre les yeux et je suis chez moi, bien installée. Ce voyage en forêt ? Tu veux dire qu’elle est en moi et que je peux la faire revenir à chaque instant ? Il m’est possible de comprendre les pierres, les fleurs et les arbres, les insectes et les oiseaux à tout moment ?

Moi, Farfadet, je vis dans les bois et dans l’imaginaire de l’humanité. Lorsque, à nouveau, vous saurez entendre, prendre dans vos bras, écouter les pierres, sentir le vent et la pluie, l’humus et les animaux, lorsque vous saurez lire en vous et autour de vous, tout sera possible. Souviens-toi : "Il faut toujours se promener dans les bois, sinon on ne grandit pas."

En cette fin d’année, je vous souhaite de belles et douces balades en forêt, en solo ou en famille, entre ami.e.s grand.e.s ou petit.e.s. Si, par hasard, vous croisez Farfadet, n’ayez crainte et laissez-le vous dire la Vie !